des principes & des essais ; mais les uns ne nous ont laissé que l’histoire de leurs pensées, & les autres la fable de leur imagination ; & si quelques-uns se sont élevez à ce haut point de Métaphysique d’où l’on peut voir les principes, les rapports & l’ensemble des Sciences, aucun ne nous a sur cela communiqué ses idées, aucun ne nous a donné des conseils, & la méthode de bien conduire son esprit dans les Sciences est encore à trouver : au défaut de préceptes on a substitué des exemples, au lieu de principes on a employé des définitions, au lieu de faits avérez, des suppositions hasardées.
Dans ce siècle même où les Sciences paroissent être cultivées avec soin, je crois qu’il est aisé de s’apercevoir que la Philosophie est négligée, & peut-être plus que dans aucun autre siècle ; les arts qu’on veut appeller scientifiques, ont pris sa place ; les méthodes de Calcul & de Géométrie, celles de Botanique & d’Histoire Naturelle, les formules, en un mot, & les dictionnaires occupent presque tout le monde ; on s’imagine sçavoir davantage, parce qu’on a augmenté le nombre des expressions symboliques & des phrases sçavantes, & on ne fait point attention que tous ces arts ne sont que des échafaudages pour arriver à la science, & non pas la science elle-même, qu’il ne faut s’en servir que lorsqu’on ne peut s’en passer, & qu’on doit toûjours se défier qu’ils ne viennent à nous manquer lorsque nous voudrons les appliquer à l’édifice. La vérité, cet être métaphysique dont tout le monde croit avoir une idée claire, me paroît confondue dans un