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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/139

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L’HISTOIRE NATURELLE.

ne s’élèvera jamais à ce haut point de connoissance. Les premières causes nous seront à jamais cachées ; les résultats généraux de ces causes nous seront aussi difficiles à connoître que les causes mêmes : tout ce qui nous est possible, c’est d’apercevoir quelques effets particuliers ; de les comparer, de les combiner, et enfin d’y reconnoître plutôt un ordre relatif à notre propre nature, que convenable à l’existence des choses que nous considérons.

Mais puisque c’est la seule voie qui nous soit ouverte, puisque nous n’avons pas d’autres moyens pour arriver à la connoissance des choses naturelles, il faut aller jusqu’où cette route peut nous conduire ; il faut rassembler tous les objets, les comparer, les étudier, et tirer de leurs rapports combinés toutes les lumières qui peuvent nous aider à les apercevoir nettement et à les mieux connoître.

La première vérité qui sort de cet examen sérieux de la nature, est une vérité peut-être humiliante pour l’homme : c’est qu’il doit se ranger lui-même dans la classe des animaux, auxquels il ressemble par tout ce qu’il a de matériel ; et même leur instinct lui paroîtra peut-être plus sûr que sa raison, et leur industrie plus admirable que ses arts. Parcourant ensuite successivement et par ordre les différents objets qui composent l’univers, et se mettant à la tête de tous les êtres créés, il verra avec étonnement qu’on peut descendre, par degrés presque insensibles, de la créature la plus parfaite jusqu’à la matière la plus informe, de l’animal le mieux organisé jusqu’au minéral le plus brut ; il reconnoîtra que ces nuances imperceptibles sont le grand œuvre de la nature ; il les trouvera, ces