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MANIÈRE D’ÉTUDIER

à l’occasion du sang, il fait l’histoire des animaux qui en sont privés ; et suivant ainsi ce plan de comparaison, dans lequel, comme l’on voit, l’homme sert de modèle, et ne donnant que les différences qu’il y a des animaux à l’homme, et de chaque partie des animaux à chaque partie de l’homme, il retranche à dessein toute description particulière ; il évite par là toute répétition, il accumule les faits, et il n’écrit pas un mot qui soit inutile : aussi a-t-il compris dans un petit volume un nombre presque infini de différents faits, et je ne crois pas qu’il soit possible de réduire à de moindres termes tout ce qu’il avoit à dire sur cette matière, qui paroît si peu susceptible de cette précision, qu’il falloit un génie comme le sien pour y conserver en même temps de l’ordre et de la netteté. Cet ouvrage d’Aristote s’est présenté à mes yeux comme une table de matières, qu’on auroit extraite avec le plus grand soin de plusieurs milliers de volumes remplis de descriptions et d’observations de toute espèce : c’est l’abrégé le plus savant qui ait jamais été fait, si la science est en effet l’histoire des faits ; et quand même on supposeroit qu’Aristote auroit tiré de tous les livres de son temps ce qu’il a mis dans le sein, le plan de l’ouvrage, sa distribution, le choix des exemples, la justesse des comparaisons, une certaine tournure dans les idées, que j’appellerois volontiers le caractère philosophique, ne laissent pas douter un instant qu’il ne fût lui-même bien plus riche que ceux dont il auroit emprunté.

Pline a travaillé sur un plan bien plus grand, et peut-être trop vaste : il a voulu tout embrasser, et il semble avoir mesuré la nature et l’avoir trouvée trop petite encore pour l’étendue de son esprit. Son His-