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SECOND DISCOURS.

HISTOIRE ET THÉORIE DE LA TERRE.


Vidi ego, quod fuerat quondam solidissima tellus,
Esse fretum ; vidi fractas ex æquore terras :
Et procul à pelago conchæ jacuêre marinaæ,
Et vetus inventa est in montibus anchora summis ;
Quodque fuit campus, vallem decursus aquarum
Fecit, et eluvie mons est deductus in æquor.

(Ovid., Metam., lib. xv, v. 262.)

Il n’est ici question ni de la figure[1] de la terre, ni de son mouvement, ni des rapports qu’elle peut avoir à l’extérieur avec les autres parties de l’univers ; c’est sa constitution intérieure, sa forme, et sa matière, que nous nous proposons d’examiner. L’histoire générale de la terre doit précéder l’histoire particulière de ses productions, et les détails des faits singuliers de la vie et des mœurs des animaux, ou de la culture et de la végétation des plantes, appartiennent peut-être moins à l’histoire naturelle que les résultats généraux des observations qu’on a faites sur les différentes matières qui composent le globe terrestre, sur les éminences, les profondeurs et les inégalités de sa forme, sur le mouvement des mers, sur la direction des montagnes, sur la position des carrières, sur la rapidité et les effets des courants de la mer, etc. Ceci est la nature en grand, et ce sont là ses principales

  1. Voyez ci-après les Preuves de la Théorie de la terre, art. I.