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THÉORIE DE LA TERRE.

opérations ; elles influent sur toutes les autres, et la théorie de ces effets est une première science de laquelle dépend l’intelligence des phénomènes particuliers, aussi bien que la connoissance exacte des substances terrestres ; et quand même on voudroit donner à cette partie des sciences naturelles le nom de physique, toute physique où l’on n’admet point de systèmes n’est-elle pas l’histoire de la nature ?

Dans des sujets d’une vaste étendue dont les rapports sont difficiles à rapprocher, où les faits sont inconnus en partie, et pour le reste incertains, il est plus aisé d’imaginer un système que de donner une théorie : aussi la théorie de la terre n’a-t-elle jamais été traitée que d’une manière vague et hypothétique. Je ne parlerai donc que légèrement des idées singulières de quelques auteurs qui ont écrit sur cette matière.

L’un[1], plus ingénieux que raisonnable, astronome convaincu du système de Newton, envisageant tous les événements possibles du cours et de la direction des astres, explique, à l’aide d’un calcul mathématique, par la queue d’une comète, tous les changements qui sont arrivés au globe terrestre.

Un autre[2], théologien hétérodoxe, la tête échauffée de visions poétiques, croit avoir vu créer l’univers. Osant prendre le style prophétique, après nous avoir dit ce qu’étoit la terre au sortir du néant, ce que le déluge y a changé, ce qu’elle a été, et ce qu’elle est, il nous prédit ce qu’elle sera, même après la destruction du genre humain.

  1. Whiston. Voyez les Preuves de la Théorie de la terre, art. II.
  2. Burnet. Voyez les Preuves de la Théorie de la terre, art. III.