contre les côtes de la Tartarie, de la Chine, et de l’Inde ; que l’Océan indien fait effort contre la côte orientale de l’Afrique, et que l’Océan atlantique agit de même contre toutes les côtes orientales de l’Amérique : ainsi la mer a dû et doit toujours gagner du terrain sur les côtes orientales, et en perdre sur les côtes occidentales. Cela seul suffiroit pour prouver la possibilité de ce changement de terre en mer et de mer en terre ; et si en effet il s’est opéré par ce mouvement des eaux d’orient en occident, comme il y a grande apparence, ne peut-on pas conjecturer très vraisemblablement que le pays le plus ancien du monde est l’Asie et tout le continent oriental ; que l’Europe, au contraire, et une partie de l’Afrique, et surtout les côtes occidentales de ces continents, comme l’Angleterre, la France, l’Espagne, la Mauritanie, etc., sont des terres plus nouvelles ? L’histoire paroît s’accorder ici avec la physique, et confirmer cette conjecture, qui n’est pas sans fondement.
Mais il y a bien d’autres causes qui concourent, avec le mouvement continuel de la mer d’orient en occident, pour produire l’effet dont nous parlons. Combien n’y a-t-il pas de terres plus basses que le niveau de la mer, et qui ne sont défendues que par un isthme, un banc de rochers, ou par des digues encore plus foibles ! L’effort des eaux détruira peu à peu ces barrières, et dès lors ces pays seront submergés. De plus, ne sait-on pas que les montagnes s’abaissent[1] continuellement par les pluies, qui en détachent les terres et les entraînent dans les vallées ? ne sait-on pas que les ruisseaux roulent les terres des plaines et des
- ↑ Voyez Ray’s Discourses, page 226 ; Plot, Hist. nat., etc.