Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
THÉORIE DE LA TERRE.

avons des exemples de pays récemment submergés et de débordements réguliers ; l’histoire nous parle d’inondations encore plus grandes et de déluges : tout cela ne doit-il pas nous porter à croire qu’il est en effet arrivé de grandes révolutions sur la surface de la terre, et que la mer a pu quitter et laisser à découvert la plus grande partie des terres qu’elle occupoit autrefois ? Par exemple, si nous nous prêtons un instant à supposer que l’ancien et le Nouveau-Monde ne faisoient autrefois qu’un seul continent, et que, par un violent tremblement de terre, le terrain de l’ancienne Atlantide de Platon se soit affaissé, la mer aura nécessairement coulé de tous côtés pour former l’Océan atlantique, et par conséquent aura laissé à découvert de vastes continents, qui sont peut-être ceux que nous habitons. Ce changement a donc pu se faire tout à coup par l’affaissement de quelque vaste caverne dans l’intérieur du globe, et produire par conséquent un déluge universel ; ou bien ce changement ne s’est pas fait tout à coup, et il a fallu peut-être beaucoup de temps : mais enfin il s’est fait, et je crois même qu’il s’est fait naturellement ; car, pour juger de ce qui est arrivé, et même de ce qui arrivera, nous n’avons qu’à examiner ce qui arrive. Il est certain, par les observations réitérées de tous les voyageurs[1], que l’Océan a un mouvement constant d’orient en occident : ce mouvement se fait sentir non seulement entre les tropiques, comme celui du vent d’est, mais encore dans toute l’étendue des zones tempérées et froides où l’on a navigué. Il suit de cette observation, qui est constante, que la mer Pacifique fait un effort continuel

  1. Voyez Varen. Geogr. gen., page 119.