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ART. I. FORMATION DES PLANÈTES.

et que la figure de la terre deviendra différente aussi en vertu des mêmes suppositions. Mais quelle raison a-t-on pour croire que cela soit ainsi ? Pourquoi veut-on, par exemple, que les parties voisines du centre soient plus denses que celles qui en sont plus éloignées ? toutes les particules qui composent le globe ne se sont-elles pas rassemblées par leur attraction mutuelle ? dès lors chaque particule est un centre, et il n’y a pas de raison pour croire que les parties qui sont autour du centre de grandeur du globe, soient plus denses que celles qui sont autour d’un autre point : mais d’ailleurs, si une partie considérable du globe étoit plus dense qu’une autre partie, l’axe de rotation se trouveroit plus près des parties denses, et il en résulteroit une inégalité dans la révolution diurne, en sorte qu’à la surface de la terre nous remarquerions de l’inégalité dans le mouvement apparent des fixes ; elles nous paroîtroient se mouvoir beaucoup plus vite ou beaucoup plus lentement au zénith qu’à l’horizon, selon que nous serions posés sur les parties denses ou légères du globe. Cet axe de la terre ne passant plus par le centre de grandeur du globe, changeroit aussi très sensiblement de position. Mais tout cela n’arrive pas : on sait, au contraire, que le mouvement diurne de la terre est égal et uniforme ; on sait qu’à toutes les parties de la surface de la terre les étoiles paroissent se mouvoir avec la même vitesse à toutes les hauteurs ; et s’il y a une nutation dans l’axe, elle est assez insensible pour avoir échappé aux observateurs. On doit donc conclure que le globe est homogène ou presque homogène dans toutes ses parties.

Si la terre étoit un globe creux et vide, dont la