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THÉORIE DE LA TERRE.

desséchant peu à peu cette croûte limoneuse, la fit fendre d’abord à la surface : bientôt ces fentes pénétrèrent plus avant, et s’augmentèrent si considérablement avec le temps, qu’enfin elles s’ouvrirent en entier ; dans un instant toute la terre s’écroula et tomba par morceaux dans l’abîme d’eau qu’elle contenoit : voilà comme se fit le déluge universel.

Mais toutes ces masses de terre, en tombant dans l’abîme, entraînèrent une grande quantité d’air ; et elles se heurtèrent, se choquèrent, se divisèrent, s’accumulèrent si irrégulièrement, qu’elles laissèrent entre elles de grandes cavités remplies d’air. Les eaux s’ouvrirent peu à peu les chemins de ces cavités ; et à mesure qu’elles les remplissoient, la surface de la terre se découvroit dans les parties les plus élevées. Enfin il ne resta de l’eau que dans les parties les plus basses, c’est-à-dire dans les vastes vallées qui contiennent la mer : ainsi notre océan est une partie de l’ancien abîme ; le reste est entré dans les cavités intérieures avec lesquelles communique l’océan. Les îles et les écueils sont les petits fragments, les continents sont les grandes masses de l’ancienne croûte ; et comme la rupture et la chute de cette croûte se sont faites avec confusion, il n’est pas étonnant de trouver sur la terre des éminences, des profondeurs, des plaines, et des inégalités de toute espèce.

Cet échantillon du système de Burnet suffit pour en donner une idée : c’est un roman bien écrit, et un livre qu’on peut lire pour s’amuser, mais qu’on ne doit pas consulter pour s’instruire. L’auteur ignoroit les principaux phénomènes de la terre, et n’étoit nullement informé des observations : il a tout tiré de son