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ART. III. SYSTÈME DE M. BURNET.

imagination, qui, comme l’on sait, sert volontiers aux dépens de la vérité.

ARTICLE IV.

Du système de M. Woodward[1].


On peut dire de cet auteur qu’il a voulu élever un monument immense sur une base moins solide que le sable mouvant, et bâtir l’édifice du monde avec de la poussière ; car il prétend que dans le temps du déluge il s’est fait une dissolution totale de la terre. La première idée qui se présente après avoir lu son livre, c’est que cette dissolution s’est faite par les eaux du grand abîme, qui se sont répandues sur la surface de la terre, et qui ont délayé et réduit en pâte les pierres, les rochers, les marbres, les métaux, etc. Il prétend que l’abîme où cette eau étoit renfermée s’ouvrit tout d’un coup à la voix de Dieu, et répandit sur la surface de la terre la quantité énorme d’eau qui étoit nécessaire pour la couvrir et surmonter de beaucoup les plus hautes montagnes, et que Dieu suspendit la cause de la cohésion des corps, ce qui réduisit tout en poussière, etc. Il ne fait pas attention que par ces suppositions il ajoute au miracle du déluge universel d’autres miracles, ou tout au moins des impossibilités physiques qui ne s’accordent ni avec la lettre de la Sainte-Écriture, ni avec les principes mathématiques de la philosophie naturelle. Mais comme cet auteur a le mérite d’avoir rassemblé plusieurs ob-

  1. Jean Woodward : An Essay towards the natural History of the earth, etc.