détruite un jour par une explosion terrible, accompagnée d’un incendie général, qui augmentera l’atmosphère du globe et en diminuera le diamètre, et qu’alors la terre, au lieu de couches de sable ou de terre, n’aura que des couches de métal et de minéral calciné, et des montagnes composées d’amalgames de différents métaux. En voilà assez pour faire voir quel étoit le système que l’auteur méditoit. Deviner de cette façon le passé, vouloir prédire l’avenir, et encore deviner et prédire à peu près comme les autres ont prédit et deviné, ne me paroît pas être un effort : aussi cet auteur avoit beaucoup plus de connoissances et d’érudition que de vues saines et générales, et il m’a paru manquer de cette partie si nécessaire aux physiciens, de cette métaphysique qui rassemble les idées particulières, qui les rend plus générales, et qui élève l’esprit au point où il doit être pour voir l’enchaînement des causes et des effets.
Le fameux Leibnitz donna en 1683, dans les Actes de Leipzick[1], un projet de système bien différent, sous le titre de Protogæa. La terre, selon Bourguet et tous les autres, doit finir par le feu ; selon Leibnitz, elle a commencé par là, et a souffert beaucoup plus de changements et de révolutions qu’on ne l’imagine. La plus grande partie de la matière terrestre a été embrasée par un feu violent dans le temps que Moïse dit que la lumière fut séparée des ténèbres. Les planètes, aussi bien que la terre, étoient autrefois des étoiles fixes et lumineuses par elles-mêmes. Après avoir brûlé long-temps, il prétend qu’elles se sont éteintes faute de matière combustible, et quelles sont devenues des
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