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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/318

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THÉORIE DE LA TERRE.

corps opaques. Le feu a produit par la fonte des matières une croûte vitrifiée, et la base de toute la matière qui compose le globe terrestre est du verre, dont les sables ne sont que des fragments : les autres espèces de terres se sont formées du mélange de ces sables avec des sels fixes et de l’eau ; et quand la croûte fut refroidie, les parties humides, qui s’étoient élevées en forme de vapeurs, retombèrent et formèrent les mers. Elles enveloppèrent d’abord toute la surface du globe, et surmontèrent même les endroits les plus élevés, qui forment aujourd’hui les continents et les îles. Selon cet auteur, les coquilles et autres débris de la mer qu’on trouve partout, prouvent que la mer a couvert toute la terre ; et la grande quantité de sels fixes, de sables, et d’autres matières fondues et calcinées, qui sont renfermés dans les entrailles de la terre, prouve que l’incendie a été général, et qu’il a précédé l’existence des mers. Quoique ces pensées soient dénuées de preuves, elles sont élevées, et on sent bien qu’elles sont le produit des méditations d’un grand génie. Les idées ont de la liaison, les hypothèses ne sont pas absolument impossibles, et les conséquences qu’on en peut tirer ne sont pas contradictoires : mais le grand défaut de cette théorie c’est qu’elle ne s’applique point à l’état présent de la terre ; c’est le passé qu’elle explique ; et ce passé est si ancien, et nous a laissé si peu de vestiges, qu’on peut en dire tout ce qu’on voudra, et qu’à proportion qu’un homme aura plus d’esprit, il en pourra dire des choses qui auront l’air plus vraisemblable. Assurer, comme l’assure Whiston, que la terre a été comète, on prétendre avec Leibnitz qu’elle a été so-