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ART. V. QUELQUES AUTRES SYSTÈMES.

leil, c’est dire des choses également possibles ou impossibles, et auxquelles il seroit superflu d’appliquer les règles des probabilités. Dire que la mer a autrefois couvert toute la terre, qu’elle a enveloppé le globe tout entier, et que c’est par cette raison qu’on trouve des coquilles partout, n’est-ce pas faire attention à une chose très essentielle, qui est l’unité du temps de la création ? car si cela étoit, il faudroit nécessairement dire que les coquillages et les autres animaux habitants des mers, dont on trouve les dépouilles dans l’intérieur de la terre, ont existé les premiers, et long-temps avant l’homme et les animaux terrestres : or, indépendamment du témoignage des livres sacrés, n’a-t-on pas raison de croire que toutes les espèces d’animaux et de végétaux sont à peu près aussi anciennes les unes que les autres ?

M. Scheuchzer, dans une dissertation qu’il a adressée à l’Académie des Sciences en 1708, attribue, comme Woodward, le changement, ou plutôt la seconde formation de la surface du globe, au déluge universel ; et pour expliquer celle des montagnes, il dit qu’après le déluge Dieu voulant faire rentrer les eaux dans les réservoirs souterrains, avoit brisé et déplacé de sa main toute-puissante un grand nombre de lits auparavant horizontaux, et les avoit élevés sur la surface du globe. Toute la dissertation a été faite pour appuyer cette opinion. Comme il falloit que ces hauteurs ou éminences fussent d’une consistance fort solide, M. Scheuchzer remarque que Dieu ne les tira que des lieux où il y avoit beaucoup de pierres : de là vient, dit-il, que les pays, comme la Suisse, où il y en a une grande quantité, sont montagneux, et qu’au