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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/343

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ART. VI. GÉOGRAPHIE.

d’eau pour couvrir le globe entier d’une hauteur de six cents pieds d’eau ; et si on veut réduire cette eau dans une seule masse, on trouvera qu’elle fait un globe de plus de soixante lieues de diamètre.

Les navigateurs prétendent que le continent des terres australes est beaucoup plus froid que celui du pôle arctique : mais il n’y a aucune apparence que cette opinion soit fondée, et probablement elle n’a été adoptée des voyageurs que parce qu’ils ont trouvé des glaces à une latitude où l’on n’en trouve presque jamais dans nos mers septentrionales ; mais cela peut venir de quelques causes particulières. On ne trouve plus de glaces dès le mois d’avril en deçà des 67 et 68e degrés de latitude septentrionale, et les sauvages de l’Acadie et du Canada disent que quand elles ne sont pas toutes fondues dans ce mois là, c’est une marque que le reste de l’année sera froid et pluvieux. En 1725 il n’y eut, pour ainsi dire, point d’été, et il plut presque continuellement : aussi non seulement les glaces des mers septentrionales n’étoient pas fondues au mois d’avril au 67e degré, mais même on en trouva au 15 juin vers le 41 ou 42e degré[1].

On trouve une grande quantité de ces glaces flottantes dans la mer du Nord, surtout à quelque distance des terres ; elles viennent de la mer de Tartarie dans celle de la Nouvelle-Zemble, et dans les autres endroits de la mer Glaciale. J’ai été assuré par des gens dignes de foi, qu’un capitaine anglois, nommé Monson, au lieu de chercher un passage entre les terres du nord pour aller à la Chine, avoit dirigé sa route droit au pôle, et en avoit approché jusqu’à deux

  1. Voyez l’Histoire de l’Académie, année 1715.