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THÉORIE DE LA TERRE.

vaisseaux hollandois avec lesquels il faisoit voile, n’ayant point trouvé de baleine à la côte de l’île d’Edges, résolurent d’aller plus au nord, et qu’étant de retour au bout de quinze jours, ces Hollandois lui dirent qu’ils avoient été jusqu’au 89e degré de latitude, c’est-à-dire à un degré du pôle, et que là ils n’avoient point trouvé de glaces, mais une mer libre et ouverte, fort profonde, et semblable à celle de la baie de Biscaye, et qu’ils lui montrèrent quatre journaux de deux vaisseaux qui attestoient la même chose, et s’accordoient à fort peu de chose près. Enfin il est rapporté dans les Transactions philosophiques, que deux navigateurs qui avoient entrepris de découvrir ce passage firent une route de trois cents lieues à l’orient de la Nouvelle-Zemble ; mais qu’étant de retour, la compagnie des Indes, qui avoit intérêt que ce passage ne fût pas découvert, empêcha ces navigateurs de retourner[1]. Mais la compagnie des Indes de Hollande crut au contraire qu’il étoit de son intérêt de trouver ce passage : l’ayant tenté inutilement du côté de l’Europe, elle le fit chercher du côté du Japon ; et elle auroit apparemment réussi, si l’empereur du Japon n’eût pas interdit aux étrangers toute navigation du côté des terres de Jesso. Ce passage ne peut donc se trouver qu’en allant droit au pôle au delà de Spitzberg, ou bien en suivant le milieu de la haute mer, entre la Nouvelle-Zemble et Spitzberg, sous le 79e degré de latitude. Si cette mer a une largeur considérable, on ne doit pas craindre de la trouver glacée à cette latitude, et pas même sous le pôle, par les raisons que nous avons alléguées. En effet, il n’y a pas d’exemple

  1. Voyez le Recueil des Voyages du Nord, page 200.