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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

mer, et surtout Campbell dans sa Description de l’Angleterre, au chapitre de la province de Kent, donnent des raisons très fortes pour prouver que l’Angleterre étoit autrefois jointe à la France, et qu’elle en a été séparée par un coup de mer, qui, s’étant ouvert cette porte, a laissé à découvert une grande quantité de terres basses et marécageuses tout le long des côtes méridionales de l’Angleterre. Le docteur Wallis fait valoir comme une preuve de ce fait la conformité de l’ancien langage des Gallois et des Bretons ; et il ajoute plusieurs observations que nous rapporterons dans les articles suivants.

Si l’on considère en voyageant la forme des terrains, la position des montagnes, et les sinuosités des rivières, on s’apercevra qu’ordinairement les collines opposées sont non seulement composées des mêmes matières, au même niveau, mais même qu’elles sont à peu près également élevées. J’ai observé cette égalité de hauteur dans les endroits où j’ai voyagé, et je l’ai toujours trouvée la même, à très peu près, des deux côtés, surtout dans les vallons serrés, et qui n’ont tout au plus qu’un quart ou un tiers de lieue de largeur ; car dans les grandes vallées qui ont beaucoup plus de largeur, il est assez difficile de juger exactement de la hauteur des collines et de leur égalité, parce qu’il y a erreur d’optique et erreur de jugement. En regardant une plaine ou tout autre terrain de niveau qui s’étend fort au loin, il paroît s’élever ; et, au contraire, en voyant de loin des collines, elles paroissent s’abaisser. Ce n’est pas ici le lieu de donner la raison mathématique de cette différence. D’autre côté, il est fort difficile de juger, par le simple coup