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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

se soit accumulé des matières plus pesantes au dessus des plus légères, et que si cela se trouve en effet dans la plupart des collines, il est probable que cela est arrivé comme je l’explique dans le texte. Mais quand même on voudroit se refuser à mes raisons, en m’objectant que je ne suis pas bien fondé à supposer qu’avant la formation des montagnes, les matières les plus pesantes étoient au dessous des moins pesantes, je répondrai que je n’assure rien de général à cet égard, parce qu’il y a plusieurs manières dont cet effet a pu se produire, soit que les matières pesantes fussent au dessous ou au dessus, ou placées indifféremment comme nous les voyons aujourd’hui : car pour concevoir comment la mer ayant d’abord formé une montagne de glaise, l’a ensuite couronnée de rochers, il suffit de faire attention que les sédiments peuvent venir successivement de différents endroits, et qu’ils peuvent être de matières différentes ; en sorte que, dans un endroit de la mer où les eaux auront déposé d’abord plusieurs sédiments de glaise, il peut très bien arriver que tout d’un coup, au lieu de glaise, les eaux apportent des sédiments pierreux ; et cela, parce qu’elles auront enlevé du fond ou détaché des côtes toute la glaise, et qu’ensuite elles auront attaqué les rochers, ou bien parce que les premiers sédiments venoient d’un endroit, et les seconds d’un autre. Au reste, cela s’accorde parfaitement avec les observations par lesquelles on reconnoît que les lits de terre, de pierre, de gravier, de sable, etc., ne suivent aucune règle dans leur arrangement, ou du moins se trouvent placés indifféremment et comme au hasard les uns au dessus des autres.