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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/15

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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

des animaux, et surtout des poissons, avoient donné aux pierres figurées toutes leurs différentes figures, etc. ; et il défia hardiment toute l’école d’Aristote d’attaquer ses preuves : c’est Bernard Palissy, Saintongeois, aussi grand physicien que la nature seule puisse en former un : cependant son système a dormi plus de cent ans, et le nom même de l’auteur est presque mort. Enfin les idées de Palissy se sont réveillées dans l’esprit de plusieurs savants ; elles ont fait la fortune qu’elles méritoient ; on a profité de toutes les coquilles, de toutes les pierres figurées que la terre a fournies : peut-être seulement sont-elles devenues aujourd’hui trop communes ; et les conséquences qu’on en tire sont en danger d’être bientôt trop incontestables.

» Malgré cela, ce doit être encore une chose étonnante que le sujet des observations présentes de M. de Réaumur, une masse de 130,680,000 toises cubiques, enfouie sous terre, qui n’est qu’un amas de coquilles, ou de fragments de coquilles, sans nul mélange de matière étrangère, ni pierre, ni terre, ni sable : jamais, jusqu’à présent, les coquilles fossiles n’ont paru en cette énorme quantité, et jamais, quoiqu’en une quantité beaucoup moindre, elles n’ont paru sans mélange. C’est en Touraine que se trouve ce prodigieux amas à plus de 56 lieues de la mer : on l’y connoît, parce que les paysans de ce canton se servent de ces coquilles qu’ils tirent de la terre, comme de marne, pour fertiliser leurs campagnes, qui sans cela seroient absolument stériles. Nous laissons expliquer à M. de Réaumur comment ce moyen assez bizarre leur réussit ; nous nous renfermons dans la singularité de ce grand tas de coquilles.