ces tremblements de terre. La première est qu’une demi-heure avant que la terre s’agite, tous les animaux paroissent saisis de frayeur ; les chevaux hennissent, rompent leurs licous, et fuient de l’écurie ; les chiens aboient ; les oiseaux, épouvantés et presque étourdis, entrent dans les maisons ; les rats et les souris sortent de leurs trous, etc. La seconde est que les vaisseaux qui sont à l’ancre sont agités si violemment, qu’il semble que toutes les parties dont ils sont composés vont se désunir ; les canons sautent sur leurs affûts, et les mâts, par cette agitation, rompent leurs haubans : c’est ce que j’aurois eu de la peine à croire, si plusieurs témoignages unanimes ne m’en avoient convaincu. Je conçois bien que le fond de la mer est une continuation de la terre ; que si cette terre est agitée, elle communique son agitation aux eaux qu’elle porte : mais ce que je ne conçois pas, c’est ce mouvement irrégulier du vaisseau, dont tous les membres et les parties prises séparément participent à cette agitation, comme si tout le vaisseau faisoit partie de la terre, et qu’il ne nageât pas dans une matière fluide ; son mouvement devroit être tout au plus semblable à celui qu’il éprouveroit dans une tempête. D’ailleurs, dans l’occasion où je parle, la surface de la mer étoit unie, et ses flots n’étoient point élevés ; toute l’agitation étoit intérieure, parce que le vent ne se mêla point au tremblement de terre. La troisième remarque est que si la caverne de la terre où le feu souterrain est renfermé va du septentrion au midi, et si la ville est pareillement située dans sa longueur du septentrion au midi, toutes les maisons sont renversées, au lieu que si cette veine ou caverne fait son effet en
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THÉORIE DE LA TERRE.