Voici ce que dit M. Brydone, au sujet de cette éruption : « Une partie des belles forêts qui composent la seconde région de l’Etna fut détruite en 1755 par un très singulier phénomène. Pendant une éruption du volcan, un immense torrent d’eau bouillante sortit, à ce qu’on imagine, du grand cratère de ! a montagne, en se répandant en un instant sur sa base, en renversant et détruisant tout ce qu’il rencontra dans sa course. Les traces de ce torrent étoient encore visibles (en 1770). Le terrain commençoit à recouvrer sa verdure et sa végétation, qui ont paru quelque temps avoir été anéanties. Le sillon que ce torrent d’eau a laissé semble avoir environ un mille et demi de largeur, et davantage en quelques endroits. Les gens éclairés du pays croient communément que le volcan a quelque communication avec la mer, et qu’il éleva cette eau par une force de succion. Mais, dit M. Brydone, l’absurdité de cette opinion est trop évidente pour avoir besoin d’être réfutée ; la force de succion seule, même en supposant un vide parfait, ne pourroit jamais élever l’eau à plus de trente-trois ou trente-quatre pieds, ce qui est égal au poids d’une colonne d’air dans toute la hauteur de l’atmosphère. » Je dois observer que M. Brydone me paroît se tromper ici, puisqu’il confond la force du poids de l’atmosphère avec la force de succion produite par l’action du feu. Celle de l’air, lorsqu’on fait le vide, est en effet limitée à moins de trente-quatre pieds ; mais la force de succion ou d’aspiration du feu n’a point de bornes ; elle est, dans tous les cas, proportionnelle à l’activité et à la quantité de la chaleur qui l’a produite, comme on le voit dans les fourneaux où l’on adapte des tuyaux