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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

Dans toutes les carrières ces coquilles fout partie de la pierre à l’intérieur ; et on en voit quelquefois à l’extérieur qui sont recouvertes de stalactites qui, comme l’on sait, ne sont pas des matières aussi anciennes que la pierre qui contient les coquilles. Une seconde preuve que cela n’est point arrivé par un déluge, c’est que les os, les cornes, les ergots, les ongles, etc., ne se trouvent que très rarement, et peut-être point du tout, renfermés dans les marbres et dans les autres pierres dures ; tandis que si c’étoit l’effet d’un déluge où tout auroit péri, on y devroit trouver les restes des animaux de la terre aussi bien que ceux des mers[1].

C’est, comme nous l’avons dit, une supposition bien gratuite, que de prétendre que toute la terre a été dissoute dans l’eau au temps du déluge, et on ne peut donner quelque fondement à cette idée, qu’en supposant un second miracle, qui auroit donné à l’eau la propriété d’un dissolvant universel ; miracle dont il n’est fait aucune mention dans l’Écriture-Sainte. D’ailleurs ce qui anéantit la supposition, et la rend même contradictoire, c’est que toutes les matières ayant été dissoutes dans l’eau, les coquilles ne l’ont pas été, puisque nous les trouvons entières et bien conservées dans toutes les masses qu’on prétend avoir été dissoutes : cela prouve évidemment qu’il n’y a jamais eu de telle dissolution, et que l’arrangement des couches horizontales et parallèles ne s’est pas fait en un instant, mais par les sédiments qui se sont amoncelés peu à peu, et qui ont enfin produit des hauteurs considérables par la succession des temps ; car

  1. Voyez Ray’s Discourses, pages 178 et suiv.