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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/50

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THÉORIE DE LA TERRE.

dont toutes les pierres étoient des cœurs-de-bœuf ou bucardites pétrifiés ; et plus on examinera la terre, plus on sera convaincu que le nombre de ces pétrifications est infini, et on en conclura qu’il est impossible que tous les animaux qui habitoient ces coquilles aient existé dans le même temps.

J’ai même fait une observation en cherchant ces coquilles, qui peut être de quelque utilité ; c’est que dans tous les pays où l’on trouve dans les champs et dans les terres labourables un très grand nombre de ces coquilles pétrifiées, comme pétoncles, cœurs-de-bœuf, etc., entières, bien conservées, et totalement séparées, on peut être assuré que la pierre de ces pays est gélisse. Ces coquilles ne s’en sont séparées en si grand nombre que par l’action de la gelée, qui détruit la pierre et laisse subsister plus long-temps la coquille pétrifiée.

Cette immense quantité de fossiles marins que l’on trouve en tant d’endroits, prouve qu’ils n’y ont pas été transportés par un déluge ; car on observe plusieurs milliers de gros rochers et des carrières dans tous les pays où il y a des marbres et de la pierre à chaux, qui sont toutes remplies de vertèbres d’étoiles de mer, de pointes d’oursins, de coquillages, et d’autres débris de productions marines. Or, si ces coquilles qu’on trouve partout eussent été amenées sur la terre sèche par un déluge ou par une inondation, la plus grande partie seroit demeurée sur la surface de la terre, ou du moins elles ne seroient pas enterrées à une grande profondeur, et on ne les trouveroit pas dans les marbres les plus solides à sept ou huit cents pieds de profondeur.