ont 10 lieues plus ou moins de largeur ; dans plusieurs endroits les sierras ont 20 lieues de largeur, et les andes autant, quelquefois plus, quelquefois moins : la largeur est de l’est à l’ouest, et la longueur est du nord au sud. Cette partie du monde a ceci de remarquable : 1o dans les lanos, le long de toute cette côte, le vent de sud-ouest souffle constamment, ce qui est contraire à ce qui arrive ordinairement dans la zone torride ; 2o il ne pleut ni ne tonne jamais dans les lanos, quoiqu’il y tombe quelquefois un peu de rosée ; 3o il pleut presque continuellement sur les andes ; 4o dans les sierras, qui sont entre les lanos et les andes, il pleut depuis le mois de septembre jusqu’au mois d’avril.
On s’est aperçu depuis long-temps que les chaînes des plus hautes montagnes alloient d’occident en orient ; ensuite, après la découverte du Nouveau-Monde, on a vu qu’il y en avoit de fort considérables qui tournoient du nord au sud : mais personne n’avoit découvert avant M. Bourguet la surprenante régularité de la structure de ces grandes masses ; il a trouvé, après avoir passé trente fois les Alpes en quatorze endroits différents, deux fois l’Apennin, et fait plusieurs tours dans les environs de ces montagnes et dans le mont Jura, que toutes les montagnes sont formées dans leurs contours à peu près comme les ouvrages de fortification. Lorsque le corps d’une montagne va d’occident en orient, elle forme des avances qui regardent, autant qu’il est possible, le nord et le midi : cette régularité admirable est si sensible dans les vallons, qu’il semble qu’on y marche dans un chemin couvert fort régulier ; car si, par exemple, on voyage dans un vallon du nord