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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/79

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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

au sud, on remarque que la montagne qui est à droite forme des avances ou des angles qui regardent l’orient, et ceux de la montagne du côté gauche regardent l’occident ; de sorte que néanmoins les angles saillants de chaque côté répondent réciproquement aux angles rentrants qui leur sont toujours alternativement opposés. Les angles que les montagnes forment dans les grandes vallées sont moins aigus, parce que la pente est moins roide, et qu’ils sont plus éloignés les uns des autres ; et dans les plaines ils ne sont sensibles que dans le cours des rivières, qui en occupent ordinairement le milieu : leurs coudes naturels répondent aux avances les plus marquées ou aux angles les plus avancés des montagnes auxquelles le terrain, où les rivières coulent, va aboutir. Il est étonnant qu’on n’ait pas aperçu une chose si visible ; et lorsque dans une vallée la pente de l’une des montagnes qui la borde est moins rapide que celle de l’autre, la rivière prend son cours beaucoup plus près de la montagne la plus rapide, et elle ne coule pas dans le milieu[1].

On peut joindre à ces observations d’autres observations particulières qui les confirment : par exemple, les montagnes de Suisse sont bien plus rapides, et leur pente est bien plus grande du côté du midi que du côté du nord, et plus grande du côté du couchant que du côté du levant ; on peut le voir dans la montagne Gemmi, dans le mont Brisé, et dans presque toutes les autres montagnes. Les plus hautes de ce pays sont celles qui séparent la Vallésie et les Grisons de la Sa-

  1. Voyez Lettres philosophiques sur la formation des sels, pages 181 et 200.