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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T03.djvu/22

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THÉORIE DE LA TERRE.

temps là ou n’a point de mémoire ni de tradition que jamais cette terre eût existé ; cependant il est nécessaire que cela ait été ainsi dans le temps que ces arbres ont cru et végété : ainsi le terrain qui dans les temps les plus reculés étoit une terre ferme couverte de bois, a été ensuite couvert par les eaux de la mer qui y ont amené quarante ou cinquante pieds d’épaisseur de terre, et ensuite ces eaux se sont retirées. On a de même trouvé une grande quantité d’arbres souterrains à Youle dans la province d’York, à douze milles au dessous de la ville sur la rivière Humber : il y en a qui sont si gros qu’on s’en sert pour bâtir ; et on assure, peut-être mal à propos, que ce bois est aussi durable et d’aussi bon service que le chêne : on en coupe en petites baguettes et en longs copeaux que l’on envoie vendre dans les villes voisines ; et les gens s’en servent pour allumer leur pipe. Tous ces arbres paroissent rompus, et les troncs sont séparés de leurs racines, comme des arbres que la violence d’un ouragan ou d’une inondation auroit cassés et emportés. Ce bois ressemble beaucoup au sapin ; il a la même odeur lorsqu’on le brûle, et fait des charbons de la même espèce. Dans l’île de Man on trouve dans un marais qui a six milles de long et trois milles de large, appelé Curragh, des arbres souterrains qui sont des sapins ; et, quoiqu’ils soient à dix-huit ou vingt pieds de profondeur, ils sont cependant fermes sur leurs racines[1]. On en trouve ordinairement dans tous les grands marais, dans les fondrières, et dans la plupart des endroits marécageux, dans les provinces de Somerset, de Chester, de Lancastre, de Stafford. Il y

  1. Voyez Ray’s Discourses, page 232.