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ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS.

les plaines se sont élevées, les angles des collines sont devenus plus obtus, plusieurs matières entraînées par les fleuves se sont arrondies, il s’est formé des couches de tuf, de pierre molle, de gravier, etc. : mais l’essentiel est demeuré, la forme ancienne se reconnoît encore, et je suis persuadé que tout le monde peut se convaincre par ses yeux de tout ce que nous avons dit à ce sujet, et que quiconque aura bien voulu suivre nos observations et nos preuves ne doutera pas que la terre n’ait été autrefois sous les eaux de la mer, et que ce ne soient les courants de la mer qui aient donné à la surface de la terre la forme que nous voyons.

Le mouvement principal des eaux de la mer est, comme nous l’avons dit, d’orient en occident : aussi il nous paroît que la mer a gagné sur les côtes orientales, tant de l’ancien que du nouveau continent, un espace d’environ cinq cents lieues ; on doit se souvenir des preuves que nous en avons données dans l’article XI, et nous pouvons y ajouter que tous les détroits qui joignent les mers sont dirigés d’orient en occident : le détroit de Magellan, les deux détroits de Forbisher, celui d’Hudson, le détroit de l’île de Ceylan, ceux de la mer de Corée et de Kamtschatka, ont tous cette direction, et paroissent avoir été formés par l’irruption des eaux qui, étant poussées d’orient en occident, se sont ouvert ces passages dans la même direction, dans laquelle elles éprouvent aussi un mouvement plus considérable que dans toutes les autres directions ; car il y a dans tous ces détroits des marées très violentes, au lieu que dans ceux qui sont situés sur les côtes occidentales, comme l’est celui