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THÉORIE DE LA TERRE.

de Gibraltar, celui de Sund, etc., le mouvement des marées est presque insensible.

Les inégalités du fond de la mer changent la direction du mouvement des eaux ; elles ont été produites successivement par les sédiments de l’eau et par les matières qu’elle a transportées, soit par son mouvement de flux et de reflux, soit par d’autres mouvements : car nous ne donnons pas pour cause unique de ces inégalités le mouvement du flux et du reflux ; nous avons seulement donné cette cause comme la principale et la première, parce qu’elle est la plus constante et qu’elle agit sans interruption : mais on doit aussi admettre comme cause l’action des vents ; ils agissent même à la surface de l’eau avec une toute autre violence que les marées, et l’agitation qu’ils communiquent à la mer est bien plus considérable pour les effets extérieurs ; elle s’étend même à des profondeurs considérables, comme on le voit par les matières qui se détachent, par la tempête, du fond des mers, et qui ne sont presque jamais rejetées sur les rivages que dans les temps d’orage.

Nous avons dit qu’entre les tropiques, et même à quelques degrés au delà, il règne continuellement un vent d’est ; ce vent, qui contribue au mouvement général de la mer d’orient en occident, est aussi ancien que le flux et le reflux, puisqu’il dépend du cours du soleil et de la raréfaction de l’air produite par la chaleur de cet astre. Voilà donc deux causes de mouvement réunies, et plus grandes sous l’équateur que partout ailleurs : la première, le flux et le reflux, qui, comme l’on sait, est plus sensible dans les climats méridionaux ; et la seconde, le vent d’est, qui souffle