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ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS.

continuellement dans ces mêmes climats ; ces deux causes ont concouru, depuis la formation du globe, à produire les mêmes effets, c’est-à-dire à faire mouvoir les eaux d’orient en occident, et à les agiter avec plus de force dans cette partie du monde que dans toutes les autres ; c’est pour cela que les plus grandes inégalités de la surface du globe se trouvent entre les tropiques. La partie de l’Afrique, comprise entre ces deux cercles, n’est, pour ainsi dire, qu’un groupe de montagnes, dont les différentes chaînes s’étendent, pour la plupart, d’orient en occident, comme on peut s’en assurer en considérant la direction des grands fleuves de cette partie de l’Afrique ; il en est de même de la partie de l’Asie et de celle de l’Amérique qui sont comprises entre les tropiques, et l’on doit juger de l’inégalité et de la surface de ces climats par la quantité de hautes montagnes et d’îles qu’on y trouve.

De la combinaison du mouvement général de la mer d’orient en occident, de celui du flux et du reflux, de celui que produisent les courants, et encore de celui que forment les vents, il a résulté une infinité de différents effets tant sur le fond de la mer que sur les côtes et les continents. Varenius dit qu’il est très probable que les golfes et les détroits ont été formés par l’effort réitéré de l’Océan contre les terres ; que la mer Méditerranée, les golfes d’Arabie, de Bengale, et de Cambaye, ont été formés par l’irruption des eaux, aussi bien que les détroits entre la Sicile et l’Italie, entre Ceylan et l’Inde, entre la Grèce et l’Eubée, et qu’il en est de même du détroit des Manilles, de celui de Magellan, et de celui de Danemarck ; qu’une preuve des irruptions de l’Océan sur les conti-