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THÉORIE DE LA TERRE.

il y a des terres fermes que la mer, avec le temps, vient à gagner et à couvrir, comme les terres de Goodwin, qui appartenoient à un seigneur de ce nom, et qui à présent ne sont plus que des sables couverts par les eaux de la mer. Ainsi la mer gagne en plusieurs endroits du terrain, et en perd dans d’autres : cela dépend de la différente situation des côtes et des endroits où le mouvement des marées s’arrête, où les eaux transportent d’un endroit à l’autre les terres, les sables, les coquilles, etc.

Sur la montagne de Stella en Portugal, il y a un lac dans lequel on a trouvé des débris de vaisseaux, quoique cette montagne soit éloignée de la mer de plus de douze lieues. Sabinius, dans ses commentaires sur les Métamorphoses d’Ovide, dit qu’il paroît par les monuments de l’histoire, qu’en l’année 1460 on trouva dans une mine des Alpes un vaisseau avec ses ancres.

Ce n’est pas seulement en Europe que nous trouverons des exemples de ces changements de mer en terre et de terre en mer ; les autres parties du monde nous en fourniroient peut-être de plus remarquables et en plus grand nombre, si on les avoit bien observées.

Calicut a été autrefois une ville célèbre et la capitale d’un royaume de même nom ; ce n’est aujourd’hui qu’une grande bourgade mal bâtie et assez déserte : la mer, qui, depuis un siècle, a beaucoup gagné sur cette côte, a submergé la meilleure partie de l’ancienne ville, avec une belle forteresse de pierre de taille qui y étoit. Les barques mouillent aujourd’hui sur leurs ruines, et le port est rempli d’un grand