nombre d’écueils qui paroissent dans les basses marées, et sur lesquels les vaisseaux font assez souvent naufrage[1].
La province de Jucatan, péninsule dans le golfe du Mexique, a fait autrefois partie de la mer. Cette pièce de terre s’étend dans la mer à cent lieues en longueur depuis le continent, et n’a pas plus de vingt-cinq lieues dans sa plus grande largeur ; la qualité de l’air y est tout-à-fait chaude et humide : quoiqu’il n’y ait ni ruisseaux ni rivières dans un si long espace, l’eau est partout si proche, et l’on trouve, en ouvrant la terre, un si grand nombre de coquillages, qu’on est porté à regarder cette vaste étendue comme un lieu qui a fait autrefois partie de la mer.
Les habitants de Malabar prétendent qu’autrefois les îles Maldives étoient attachées au continent des Indes, et que la violence de la mer les en a séparées. Le nombre de ces îles est si grand, et quelques uns des canaux qui les séparent sont si étroits, que les beauprés des vaisseaux qui y passent font tomber les feuilles des arbres de l’un et de l’autre côté ; et en quelques endroits un homme vigoureux, se tenant à une branche d’arbre, peut sauter dans une autre île. Une preuve que le continent des Maldives étoit autrefois une terre sèche, ce sont les cocotiers qui sont au fond de la mer ; il s’en détache souvent des cocos qui sont rejetés sur le rivage par la tempête : les Indiens en font grand cas, et leur attribuent les mêmes vertus qu’au bézoard.
On croit qu’autrefois l’île de Ceylan étoit unie au continent et en faisoit partie, mais que les courants,
- ↑ Voyez Lettres édifiantes, rec. II, page 187.