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THÉORIE DE LA TERRE.

sont des cailloux ronds et plats, et toujours fort polis, que la mer pousse sur les côtes. À Bayeux et à Brutel, qui est à une lieue de la mer, on trouve du galet en creusant des caves ou des puits : les montagnes de Bonneuil, de Broie, et du Quesnoy, qui sont à environ dix-huit lieues de la mer, sont toutes couvertes de galets : il y en a aussi dans la vallée de Clermont en Beauvoisis. M. Saulmon rapporte encore qu’un trou de seize pieds de profondeur, percé directement et horizontalement dans la falaise du Tréport, qui est toute de moellon, a disparu en trente ans, c’est-à-dire que la mer a miné dans la falaise cette épaisseur de seize pieds. En supposant qu’elle avance toujours également, elle mineroit mille toises ou une petite demi-lieue de moellon en douze mille ans.

Les mouvements de la mer sont donc les principales causes des changements qui sont arrivés et qui arrivent à la surface du globe : mais cette cause n’est pas unique ; il y en a beaucoup d’autres moins considérables qui contribuent à ces changements : les eaux courantes, les fleuves, les ruisseaux, la fonte des neiges, les torrents, les gelées, etc., ont changé considérablement la surface de la terre ; les pluies ont diminué la hauteur des montagnes ; les rivières et les ruisseaux ont élevé les plaines ; les fleuves ont rempli la mer à leur embouchure ; la fonte des neiges et les torrents ont creusé des ravines dans les gorges et dans les vallons ; les gelées ont fait fendre les rochers et les ont détachés des montagnes. Nous pourrions citer une infinité d’exemples de différents changements que toutes ces causes ont occasionés. Varenius dit que les fleuves transportent dans la mer une grande quantité