Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T03.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS.

de terre qu’ils déposent a plus ou moins de distance des côtes, en raison de leur rapidité ; ces terres tombent au fond de la mer, et y forment d’abord de petits bancs, qui, s’augmentant tous les jours, font des écueils, et enfin forment des îles qui deviennent fertiles et habitées : c’est ainsi que se sont formées les îles du Nil, celles du fleuve Saint-Laurent, l’île de Landa située à la côte d’Afrique près de l’embouchure du fleuve Coanza, les îles de Norwège, etc.[1]. On peut y ajouter l’île de Tongming à la Chine, qui s’est formée peu à peu des terres que le fleuve de Nanquin entraîne et dépose à son embouchure. Cette île est fort considérable ; elle a plus de vingt lieues de longueur sur cinq ou six de largeur.

Le Pô, le Trento, l’Athésis, et les autres rivières de l’Italie, amènent une grande quantité de terres dans les lagunes de Venise, surtout dans le temps des inondations, en sorte que peu à peu elles se remplissent : elles sont déjà sèches en plusieurs endroits dans le temps du reflux, et il n’y a plus que les canaux que l’on entretient avec une grande dépense qui aient un peu de profondeur.

À l’embouchure du Nil, à celle du Gange et de l’Inde, à celle de la rivière de la Plata au Brésil, à celle de la rivière de Nanquin à la Chine, et à l’embouchure de plusieurs autres fleuves, on trouve des terres et des sables accumulés. La Loubère, dans son Voyage de Siam, dit que les bancs de sable et de terre augmentent tous les jours à l’embouchure des grandes rivières de l’Asie par les limons et les sédiments qu’elles y apportent, en sorte que la navigation de ces

  1. Voyez Varenii Geograph. general., page 214.