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THÉORIE DE LA TERRE.

à peu ; chaque inondation en laisse une nouvelle couche, et après dix ans au plus les lianes et les arbrisseaux commencent à y croître : c’est ainsi que se sont formées la plupart des pointes et des îles qui font si souvent changer de cours au fleuve.

Cependant tous les changements que les fleuves occasionent sont assez lents, et ne peuvent devenir considérables qu’au bout d’une longue suite d’années : mais il est arrivé des changements brusques et subits par les inondations et les tremblements de terre. Les anciens prêtres égyptiens, six cents ans avant la naissance de Jésus-Christ, assuroient, au rapport de Platon dans le Timée, qu’autrefois il y avoit une grande île auprès des colonnes d’Hercule, plus grande que l’Asie et la Libye prises ensemble, qu’on appeloit Atlantide, que cette grande île fut inondée et abîmée sous les eaux de la mer après un grand tremblement de terre. « Traditur Atheniensis civitas restitisse olim innumeris hostium copiis quæ, ex Atlantico mari profectæ, propè jam cunctam Europam Asiamque obsederunt. Tunc enim erat fretum illud navigabile, habens in ore quasi vestibulo ejus insulam quas Herculis Columnas cognominant : ferturque insula illa Libyâ simul et Asiâ Major fuisse, per quam ad alias proximas insulas patebat aditus, atque ex insulis ad omnem continentem è conspectu jacentem vero mari vicinam. Sed intrà os ipsud portus augusto sinu fuisse traditur. Pelagus illud verum mare, terra quoque illa verè erat continens, etc. Post hæc ingenti terræ motu jugique diei unius et noctis illuvione factum est, ut terra dehiscens omnes illos bellicosos absorberet, et Atlantis insula sub vasto gurgite mer-