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ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS.

geretur. » (Plato, in Timœo.) Cette ancienne tradition n’est pas absolument contre toute vraisemblance : les terres qui ont été absorbées par les eaux, sont peut-être celles qui joignoient l’Irlande aux Açores, et celles-ci au continent de l’Amérique ; car on trouve en Irlande les mêmes fossiles, les mêmes coquillages, et les mêmes productions marines que l’on trouve en Amérique, dont quelques unes sont différentes de celles qu’on trouve dans le reste de l’Europe.

Eusèbe rapporte deux témoignages au sujet des déluges, dont l’un est de Melon, qui dit que la Syrie avoit été autrefois inondée dans toutes les plaines ; l’autre est d’Abydenus, qui dit que du temps du roi Sisithrus il y eut un grand déluge qui avoit été prédit par Saturne. Plutarque, de solertiâ animalium, Ovide et les autres mythologistes parlent du déluge de Deucalion, qui s’est fait, dit-on, en Thessalie, environ sept cents ans après le déluge universel. On prétend aussi qu’il y en a eu un plus ancien dans l’Attique, du temps d’Ogygès, environ deux cent trente ans avant celui de Deucalion. Dans l’année 1095 il y eut un déluge en Syrie qui noya une infinité d’hommes. En 1164 il y en eut un si considérable dans la Frise, que toutes les côtes maritimes furent submergées avec plusieurs milliers d’hommes. En 1218 il y eut une autre inondation qui fit périr près de cent mille hommes, aussi bien qu’en 1530. Il y a plusieurs autres exemples de ces grandes inondations, comme celle de 1604 en Angleterre, etc.

Une troisième cause du changement sur la surface du globe sont les vents impétueux. Non seulement ils forment des dunes et des collines sur les bords de la mer et dans le milieu des continents, mais souvent