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THÉORIE DE LA TERRE.

coquilles, ou d’une autre nature analogue. Il est certain (article XVII) que les couches horizontales qui ont été produites successivement par le sédiment des eaux, et qui étoient d’abord dans un état de mollesse, ont acquis de la dureté à mesure qu’elles se sont desséchées, et que ce dessèchement a produit des fentes perpendiculaires qui traversent les couches horizontales.

Il n’est pas possible de douter, après avoir vu les faits qui sont rapportés dans les articles X, XI, XIV, XV, XVI, XVII, XVIII, et XIX, qu’il ne soit arrivé une infinité de révolutions, de bouleversements, de changements particuliers, et d’altérations sur la surface de la terre, tant par le mouvement naturel des eaux de la mer que par l’action des pluies, des gelées, des eaux courantes, des vents, des feux souterrains, des tremblements de terre, des inondations, etc. ; et que par conséquent la mer n’ait pu prendre successivement la place de la terre, surtout dans les premiers temps après la création, où les matières terrestres étoient beaucoup plus molles qu’elles ne le sont aujourd’hui. Il faut cependant avouer que nous ne pouvons juger que très imparfaitement de la succession des révolutions naturelles ; que nous jugeons encore moins de la suite des accidents, des changements, et des altérations ; que le défaut des monuments historiques nous prive de la connoissance des faits : il nous manque de l’expérience et du temps ; nous ne faisons pas réflexion que ce temps qui nous manque ne manque point à la nature ; nous voulons rapporter à l’instant de notre existence les siècles passés et les âges à