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Page:Buies - Anglicismes et canadianismes, 1888.djvu/11

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escarmouches, que nous en sommes venus au point de mettre des majuscules à tous les titres, à toutes les fonctions, à toutes les qualifications, et que nous ne savons plus où ne pas les mettre, dans la crainte de blesser la vanité des gens ou de rester au-dessous de son sujet. La majuscule, c’est l’indice le plus irrécusable de la prétention, de l’orgueil sot, de la bouffissure et de la suffisance. Elle est devenue une véritable épidémie dans notre journalisme, une épidémie qui a envahi et qui submerge notre minuscule littérature. Disons entre parenthèses, pour nous consoler un peu, que c’est une épidémie essentiellement anglaise ; mais nous abusons énormément de la liberté d’emprunter, et nous ne savons plus où est la limite, comme ceux qui n’ont jamais monté un cheval ne savent plus où ni quand s’arrêter quand ils sont dessus.

Les majuscules dans notre journalisme ! mais c’est un torrent. Elles ont l’air de vouloir entraîner toutes les lignes où elles débordent : elles feraient pencher le journal tout d’un côté, si elles n’étaient retenues par les majuscules de la page en regard ; elles émaillent les colonnes comme des promontoires, et c’est à peine si l’on peut lire les lettres qui les accompagnent, tant elles les masquent de leur ombre immense !

Je disais tout à l’heure que nous donnions de la majuscule à tous les titres, à toutes les qualifications… etc.… Ainsi, le lieutenant un tel ;