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Page:Buies - Anglicismes et canadianismes, 1888.djvu/45

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« d’antimacassar », et vous m’assurez « de toute votre reconnaissance, » si je fais cette découverte.

Voyons, vraiment, est-ce que « l’antimacassar » troublerait à ce point votre doux repos et ferait pâlir vos joues ? Si cela est, je m’empresse de dissiper cet importun nuage. D’abord, vous dirai-je, il ne faut pas se faire de mauvais sang simplement pour les noms. Il y a une foule de noms qui sont les mêmes dans les deux langues, surtout quand ces noms sont dérivés du latin ou du grec. Ce n’est pas là ce qui constitue l’anglicisme véritable, lequel est bien plutôt dans les tournures, dans les membres de phrase tout entiers et dans les locutions. Or, je m’élève tout particulièrement contre les tournures et les membres de phrase, et contre les locutions empruntées à l’anglais, quand nous avons en français des locutions correspondantes qui, souvent, sont bien supérieures à l’anglais. Pourquoi ne dirions-nous pas, nous aussi, antimacassar ? Mais qu’à cela ne tienne. Antimacassar n’est pas plus anglais que français, et nous avons le droit de nous servis de ce néologisme tout aussi bien que les plus purs anglosaxons. Pourtant, je veux absolument vous être agréable et alléger vos trop délicats scrupules. Si « l’antimacassar » choque si cruellement vos oreilles, dites tout simplement, « dossier, » c’est le nom de commerce, et vous serez comprise de tous ceux