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Page:Buies - Anglicismes et canadianismes, 1888.djvu/99

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II

Cet affreux Tardivel, qui n’a qu’une idée en tête, bouleverser ma conscience et me tenir dans l’eau bouillante, par anticipation, écrit ce qui suit dans son journal La Vérité :

« M. Buies fait la guerre aux anglicismes et aux barbarismes dans les colonnes de l’Électeur. C’est un travail utile, car il est important de conserver notre belle langue française dans toute sa pureté. Mais M. Buies se laisse guider plutôt par son imagination que par la froide raison. Dans sa chronique, il fait une sortie furibonde contre le mot passation qu’il accable d’une colonne de prose indignée et imagée…… Si peu élégant qu’il soit, le mot passation se trouve dans tous les dictionnaires et signifie : Action de passer un contrat, un acte. Par analogie, on dit ici la passation d’une loi. C’est, incorrect, mais enfin le mot n’est pas d’invention canadienne. »

Mes chers lecteurs, écoutez bien l’histoire suivante au sujet de « passation, » et vous déciderez ensuite, comme moi, de le bannir à tout jamais, non seulement de notre langue, mais encore même des actes des notaires, qui n’en sont pas une.

J’étais en 1859 élève du lycée St-Louis, à Paris. Il est d’usage, dans les lycées de France, de faire faire aux élèves chaque semaine deux ou trois dissertations, l’une littéraire, l’autre historique, une autre enfin philosophique ou même scientifique,