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suivant que la chose se présente. Ces dissertations ne sont pas du tout de rigueur, mais elles constituent un excellent exercice de l’esprit et les élèves s’y prêtent avec une ardeur réelle, d’autant plus que la matière à traiter est laissée absolument à la discrétion de l’élève. Mon tour venu, j’avais choisi de faire une composition sur la « guerre de sept ans, » cette guerre maudite par nos pères, parce qu’elle les avait asservis au rosbif et au plum-pudding, plantes qui croissent sur les bords de la perfide Albion, comme on dit.

Mais vous comprenez bien que la guerre de sept ans n’était qu’un vaste et ingénieux prétexte, c’est au Canada que je voulais en venir. Je voulais entr’ouvrir, aux yeux de mes camarades, étonnés et ravis à la fois, la plus belle page de notre histoire, celle où notre immortel Garneau a mis toute son âme et qu’il a écrite dans un style où la douleur, l’amertume des souvenirs, la tristesse de l’abandon et une sorte de stoïcisme résigné, mais fier, en présence de l’inconcevable délaissement de la mère-patrie, portent au cœur et à l’esprit du lecteur quelques flammes du patriotisme ardent dont l’auteur est consumé, et qui a fait, autant que son admirable histoire de notre peuple, la gloire de sa vie.[1]

  1. Voir la dernière édition de « l’Histoire du Canada » revue, corrigée et augmentée par le fils de l’historien, M. Alfred Garneau, poète autant que fin et délicat lettré.