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UNE PAROISSE MODERNE


V


Lorsque le curé Labelle arriva à Saint-Jérôme, en 1868, c’était une paroisse à peine encore sortie de l’enfance, malgré ses trente-six années révolues. On n’allait pas vite dans ce temps-là. La longue et difficile période de croissance, qui succédait à l’éclosion de tout nouvel établissement, était en proportion de la longue incubation antérieure, et se ressentait de l’enfance incroyablement prolongée de notre pays. À cette époque, non seulement on n’aurait pu pressentir le mouvement vigoureux et général, imprimé à tous nos progrès depuis une dizaine d’années, résultat d’une attente excessive, mais encore on ne pouvait avoir la moindre prescience, le plus léger soupçon des évolutions de la science moderne, des transformations qu’elle opère à vue d’œil et sans relâche, des découvertes qui allaient éclater comme autant de coups de foudre, suivies d’applications aussitôt essayées, de perfectionnements aussitôt réalisés.

Le progrès a pour ainsi dire fait irruption chez nous ; il lui a fallu infliger une douloureuse violence à nos habitudes routinières et briser le