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AU PORTIQUE

cours d’eau, elle s’étale avec une fraîcheur de coloris et une vigueur de teint qu’il semble que l’on respire dans l’atmosphère qui l’enveloppe. C’est une large et profonde plaine, couchée entre le Saint-Laurent majestueux et des hauteurs, que l’on soupçonne plutôt qu’on ne les distingue, mêlées avec les nuages qui se dissimulent à l’horizon fuyant. Cette plaine, semée de villages populeux, embryons de cités futures, forme l’extrémité de la partie inférieure de la rivière de l’Outaouais. Elle a peu ou point de reliefs, ou du moins, ces reliefs, à peine accentués, sont-ils loin de faire pressentir le redoutable voisinage des Encelades du nord, qui entassent et empilent de gigantesques rochers sur une terre aux trois quarts sauvage. On ne se douterait jamais, en traversant les aimables et riantes campagnes de l’île de Montréal et de l’île de Jésus, séparées entre elles par la rivière des Prairies, que l’on doive découvrir avant longtemps les redoutes avancées d’une région volcanique présentant les plus saisissants aspects.

Mais si l’on poursuit sa route, toujours dans la même direction, après avoir passé l’Outaouais, dont les flots pressés courent sur la rive nord de l’île Jésus et sur les pieds du comté de Terrebonne, et que l’on pénètre de plus en plus dans