Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
UNE PAROISSE MODERNE

fois, il s’agissait d’attaquer un monticule tout entier, qui barrait le chemin et l’expansion entre Saint-Jérôme et la campagne voisine. Pourquoi ? Simplement pour y fonder un hospice, convertir le monticule en parc, en faire un endroit de santé pour les malades et les infirmes, un endroit élevé, retiré et libre, d’où la vue s’étendît dans toutes les directions et qui devînt une promenade, tout aussi bien pour l’âme attristée que pour le corps affaibli.

Ce que le curé Labelle avait de plus grand encore que son génie, c’était son cœur. C’est là vraiment qu’il dépassait de cent coudées la taille commune. De ce cœur sans limites, que rien ne pouvait tarir, découlaient sans cesse d’inépuisables torrents de générosité et de bienfaisance. Il eût possédé la terre entière qu’il l’eût donnée aux malheureux, en leur disant : « Jouissez, c’est votre tour ; » et il se serait réservé une chaumière pour jouir à les voir faire. Non, jamais, plus noble esprit et plus grande âme ne furent conçus dans le sein d’une mère canadienne. Et