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LE CURÉ LABELLE

cistes, de politiques ou de savants, et qui peuvent le faire impunément dans un pays où la critique est inconnue, autant il se sentait irrésistiblement entraîné vers quiconque avait une valeur réelle et démontrée par les actes. Toute supériorité lui était sympathique : « Je ne puis souffrir, m’a-t-il dit plus d’une fois, qu’on maltraite les hommes de grand talent. » Aussi fut-ce sans effort aucun qu’il se porta au-devant de l’honorable M. Mercier, le premier ministre incontestablement le plus remarquable que la province de Québec ait jamais eu, sous n’importe quel régime.

Le curé vit en lui un homme de notre race que ses aptitudes et une intelligence hors-ligne avaient porté au premier rang et il s’allia naturellement avec lui, sans jamais éprouver dans la suite la moindre velléité de rupture ou de recul.

Il s’allia avec lui pour accomplir en commun l’œuvre de son rêve, lui qui avait souvent jusque là frappé en vain aux portes de plus d’un premier ministre et qui n’avait jamais pu se faire entendre. Monsieur Mercier est le premier, non seulement qui ait prêté l’oreille aux instances et aux démonstrations du curé Labelle, mais encore qui soit allé au-devant de lui et ait voulu se l’attacher irrévocablement, convaincu de quelle