Aller au contenu

Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
LE CURÉ LABELLE

mettre à l’œuvre ; de suite il jetait des bases et posait des jalons.


Les hommes de notre temps passent vite ; on dirait que les siècles se raccourcissent et se rétrécissent sous la poussée effroyable des générations avides de tout connaître, d’utiliser toutes les forces de la nature et de transformer à leur gré ce globe dont elles connaissent aujourd’hui l’histoire, la formation, les modifications successives et l’avenir probable. En voyant dans quel tourbillon nous sommes emportés, combien la vie humaine est courte et combien les hommes, encore à moitié courbés sous les misères et les souffrances des siècles antérieurs, sont pressés de convertir leur planète ingrate en un séjour plus habitable pour des esprits plus éclairés ; en voyant cet être si fragile et si éphémère déterminé à conquérir tout entier son domaine, dont il ignorait encore les trois quarts, il n’y a pas plus d’un siècle, chercher à pénétrer partout, ouvrir pour cela des routes sur toute la surface de la terre, construire des chemins de fer invraisemblables, couper en deux des continents, tracer aux mers