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LE CURÉ LABELLE

sans toucher ni à Québec, ni à Trois-Rivières, ni à Montréal, ni à Ottawa. « Le Grand Tronc » du nord une fois complété entre l’extrémité Ouest de la province et Québec, la capitale, il le voyait étendre aussitôt une aile immense dans la direction opposée, vers l’extrémité Est, jusqu’aux côtes du Labrador d’où, en quatre jours, les steamers rapides transporteraient passagers et malles sur les rivages de l’ancien continent.

Le curé assistait à ce spectacle de l’avenir comme s’il eût vécu subitement dix années ; la vision prophétique le lui rendait présent. Il savait combien toutes ces choses sont proches de nous, bien plus proches qu’on ne pense, parce qu’il était pénétré de l’esprit de son temps, parce qu’ayant passé presque sa vie entière au milieu des autres hommes, en pleine fièvre de conceptions et d’éclosions continuelles, il comprenait, devinait tous les progrès et pouvait les prédire aussi sûrement que celui qui édifie une hypothèse sur des expériences multipliées.

« Trois choses m’ont plus particulièrement