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LE CURÉ LABELLE

Pour comprendre combien ce spectacle est intéressant et touchant, pour en être ému comme je l’étais chaque fois, peut-être faut-il aimer beaucoup son pays et ses compatriotes ; je le veux bien et je confesse toute ma candeur, je reconnais cette faiblesse qui m’a donné le courage, depuis près de quinze ans, de parcourir la province dans bien des sens divers et de suivre pas à pas l’extension de notre domaine agricole, l’empreinte encore fraîche de nos défricheurs dans la forêt nouvellement entamée.


VIII


Invariablement, chaque saison d’été ou à peu près, je me rendais à Saint-Jérôme pour y savourer librement quelques jours d’intimité et de longues causeries avec mon bien-aimé curé Labelle. Ah ! que d’heures à jamais inoubliables j’ai vu s’écouler sur la large galerie du presbytère, durant ces courtes nuit d’été qui ne laissent à l’homme, pour penser et pour rêver en paix, qu’un intervalle fugitif entre l’instant où le jour fuit et celui où l’aurore écarte doucement les voiles du ciel à l’Orient ! Que de vies d’un autre monde j’ai vécues là, et que d’étranges et mys-