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LE CURÉ LABELLE

coupés en tranches de même dimension par des allées et des sentiers larges respectivement de dix et de cinq pieds.

Un quart du cimetière est consacré aux fosses communes et le reste aux lots de famille. Le nombre de ceux ci dépasse déjà douze cent.

À l’extrémité ouest on a laissé debout un superbe bosquet des plus beaux arbres de la forêt, au milieu duquel a été dressé un calvaire de trente pieds de hauteur, renfermant un autel sur lequel apparaissent, formant ensemble un groupe des plus émouvants, les statues du Christ, de la Vierge, de saint Jean et de sainte Madeleine. À l’aspect inattendu de ce calvaire comme on pénètre dans le sombre et massif bosquet de grands arbres, qui reçoit tous les échos mourants de la forêt voisine et dont l’épais feuillage tremble sans relâche au souffle des milliers d’esprits invisibles qui l’habitent, on éprouve d’abord un saisissement et une sensation de cauchemar inéluctable, qui bientôt font place à une exquise émotion, à un sentiment profond d’éternité.


L’entrée du cimetière a lieu par une large et