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LE CURÉ LABELLE

tombale, et ce nom était celui du curé Labelle ! Au-dessus de l’autel se déploie une large toile représentant le purgatoire, et sur les murs plusieurs tableaux donnés par le dernier curé de Saint-Jérôme ; enfin, la voûte, se voient les images de la vie, de l’espérance et du ciel figurées par divers emblèmes.

Au dehors, en jetant un rapide coup d’œil par la porte de la chapelle, on aperçoit l’ensemble si bien dessiné du cimetière, ses divisions faites avec une méthode qui n’a rien de compassé, ses groupements bien dégagés et bien en place, et les quelques monuments relativement somptueux que des familles riches y ont fait élever.

Ce qui se dégage de ce lieu, ce n’est pas une tristesse banale et sans profondeur, ni un aspect lugubre de nécropole, mais comme une extase harmonieuse d’esprits entrant en possession de la béatitude. La voix profonde de la forêt se mêle au concert mystérieux que l’on croit entendre au-dessus de soi, et lorsque, dans cet air déjà chargé de toutes sortes d’effluves magnétiques, retentit le chant des longues processions qui s’acheminent lentement d’une station à l’autre du chemin de croix, et que le sol résonne du bruit cadencé des pas de la multitude