Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
LE CURÉ LABELLE

en prière, on se sent comme emporté soi-même dans le flot des échos qui s’épanchent et comme saisi tout vivant par d’innombrables illusions d’outre-tombe.

IX

Le lendemain du soir que j’ai rappelé plus haut et où le curé Labelle m’avait dit sur sa galerie quelques paroles, si profondément empreintes du pressentiment dont on apercevait déjà l’ombre persistante sur sa physionomie et dans tous ses actes, nous allâmes tous deux visiter le nouveau cimetière de Saint-Jérôme, mon cimetière, comme disait le curé, si nouveau pour moi que j’en ignorais jusqu’à l’existence et n’en avais jamais entendu parler, tant l’idée et l’exécution de cette dernière entreprise s’étaient suivies de près.

Nous parcourûmes longuement, lentement, les allées du cimetière, échangeant à peine quelques rares paroles, nous arrêtant çà et là pour noter les différences d’aspects, faisant une courte station au calvaire, puis nous dirigeant enfin vers la chapelle où le curé entra du pas d’un homme obsédé par une pensée constante, et qui trouve enfin un asile où elle ne peut entrer avec lui. — Après une courte invocation, et sans se donner