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CHRONIQUES

P.S. La Société Saint-Jean-Baptiste de Québec vient de prendre l’initiative d’un noble projet, celui d’élever un monument à M. Papineau, au moyen d’une souscription nationale de deux centins par personne. Dans notre ville, cette idée a un succès général et les bourses sont impatientes de s’ouvrir. La mort a rendu le grand homme aussi populaire aujourd’hui que lorsqu’il tonnait du haut des hustings et entraînait tout un peuple à ses moindres pas. Un monument n’est d’ordinaire qu’un trophée ou un souvenir ; celui-ci sera de plus une consécration ; il rappellera l’inaltérable fidélité du sentiment que doit un peuple au plus courageux, au plus éloquent de ses défenseurs.




Aujourd’hui, 26 décembre, je verse un pleur.

C’est aujourd’hui, en effet, date à jamais douloureuse, le 26 décembre 1871. que le Pays a succombé à l’attaque foudroyante d’une maladie qui est restée un mystère, et que personne ne pouvait soupçonner.

Il est mort à vingt ans, entouré de prestige et de force, à l’époque où commençait à crouler de toutes parts le vieux régime d’abâtardissement, de dégradation morale et intellectuelle, qu’il avait toujours combattu.

Il n’a pas vécu pour recueillir le fruit de tant de labeurs obstinés, d’une lutte généreuse, marquée de tous les sacrifices.

Un petit groupe d’hommes, débris de l’ancien libéralisme, s’étaient littéralement ruinés pour lui conserver la vie. Qu’ils aient pu résister pendant vingt ans à toutes les attaques du fanatisme, de la calomnie, de